Débat sur la démocratie mondiale à Londres
Un débat organisé à la London School of Economics (LSE) à Londres le 28 janvier, présidé par le professeur David Held, a examiné la possibilité d’exporter les concepts et les pratiques démocratiques au-delà des frontières pour qu’ils puissent englober l’ordre mondial. Au cours de sa présentation, Daniele Archibugi, qui enseigne l’innovation, la gouvernance et la politique publique au Birkbeck College, a fait remarquer que "la démocratie est universellement acceptée en tant que système politique". Cependant, il a remis en cause la logique selon laquelle il est suffisant de promouvoir la démocratie au niveau national pour pouvoir atteindre un système démocratique international stable. Selon Archibugi, les démocraties n’agissent pas forcément de manière pacifique et considérée en terme de politique étrangère. C’est pourquoi il est également "nécessaire de créer des conditions de démocratisation mondiale". George Monbiot, auteur et chroniqueur au journal anglais The Guardian, a appelé à la "revitalisation de la démocratie à tous les niveaux, de manière nationale et mondiale", affirmant que "le pouvoir ne relève plus uniquement du domaine national". Il a dénoncé la "séparation complète entre la population et l’ONU". Michael Cox, professeur de relations internationales à LES, s’est montré profondément sceptique envers la capacité de la situation actuelle des affaires mondiales à offrir un point de départ adéquat à un projet de démocratie mondiale. "Aujourd’hui, le caractère inéluctable de la mondialisation semble avoir disparu", a déclaré Cox au sujet de la crise financière mondiale et de ses répercussions sur la croissance économique mondiale.
Les participants du débat ont convenu du fait que l’élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis est un "rayon de soleil" et pourrait mener à une approche plus multilatérale de la politique étrangère des Etats-Unis. Archibugi et Monbiot ont insisté sur l’importance d’un parlement mondial pour la réalisation de la démocratie mondiale. Dans son livre "The Global Commonwealth of Citizens", dont la récente publication a fourni l’occasion d’organiser ce débat, Daniele Archibugi écrit qu’"une assemblée parlementaire mondiale résoudrait les problèmes de représentativité et de légitimité rencontrés par tout projet de démocratie mondiale, et elle donnerait le pouvoir de décision directement à l’organe représentant tous les habitants de la Terre".
Trois des quatre panélistes, David Held, Daniele Archibugi et George Monbiot, figurent sur la liste des signataires de la pétition pour la création d’une Assemblée parlementaire auprès des Nations Unies (APNU), publiée par la Campagne mondiale en avril 2007. Selon la Campagne, une APNU constituerait la première étape pratique dans la direction de la création d’un parlement mondial.