Enterrement au sommet de plans audacieux sur la transformation de l'Union Interparlementaire

2. août 2010

La troisième Conférence mondiale des Présidents de parlements s’est conclue la semaine dernière à Genève par l'adoption d'une déclaration sur la nécessité de garantir la responsabilité démocratique mondiale. Plus de 130 représentants de parlements ont approuvé un texte décrit comme « sans amibition » par le Neue Zürcher Zeitung, un des principaux journaux en Suisse.

Bien que la déclaration précise que « les systèmes multilatéraux d'aujourd'hui devraient permettre une plus grande considération pour les opinions, les sentiments et les aspirations des peuples du monde dont les voix ne se font pas entendre » et qu’elle « appelle à une plus grande participation parlementaire au sein de la coopération internationale, » les porte-paroles réunis à Genève semblent être en désaccord sur la voie à prendre. S’adressant à l'Union interparlementaire (UIP), organisateur de la conférence mondiale et organisation sous tutelle des parlements nationaux, ils ont affirmé à l'unisson que l'UIP est « l'organisme international le mieux adapté à renforcer la relation entre les parlements et les Nations Unies. » Selon certains rapports, cependant, des représentants parlementaires, principalement ceux des pays occidentaux, ont révélé leur réticence face à ce qui a été décrit comme des « ambitions de parlement mondial. »

Abdurahim Abdi a suggéré une approche audacieuse
Image: IPU

Le porte-parole de l'Assemblée législative Est-Africaine, Abdurahim Abdi, avait par exemple défendu le projet d’inclure les parlements nationaux de manière formelle dans les prises des décisions au sein des Nations Unies. « Par exemple, toutes les décisions de l'Assemblée générale des Nations Unies ou du Conseil de sécurité pourraient devoir être soumises à une certaine procédure parlementaire avant qu'elles ne deviennent définitives. Ceci pourrait être réalisé en renforçant les forums parlementaires internationaux déjà en place, tels que l'Union Interparlementaire, afin de décider conjointement avec l'Assemblée générale ou le Conseil de sécurité de la configuration des politiques mondiales » a indiqué M. Abdi.

Un amendement pour adoucir la déclaration

L’Emirates News Agency a signalé que l'alliance des porte-paroles européens et arabes avait réussi à faire supprimer un passage du projet de déclaration rédigé lors de la conférence, qui indiquait la nécessité d'évaluer « toutes les options » pour renforcer l'UIP « y compris la réforme des statuts et règlements en vigueur, mettant fin à une convention internationale sur l'UIP et ouvrant la voie à un nouvel accord de coopération avec les Nations Unies, amélioré de façon significative. » Au lieu de cela, la version modifiée de la déclaration se contente de mentionner un communiqué lénifié affirmant que les représentants ont apprécié cette « discussion lancée au sein de l’UIP dans le but de renforcer ses fonctions, promouvoir son efficacité et développer sa coopération avec les Nations Unies et ses institutions. »

Le président du parlement allemand, Norbert Lammert, a déclaré dans un discours que « l'UIP n'est ni un parlement mondial, ni un organisme subsidiaire des Nations Unis et nous ne souhaitons pas non plus qu’elle le devienne. » Selon M. Lammert, les représentants de tous les parlements des États membres de l'UE ont appuyé l'amendement proposé.

Gulfnews a indiqué que le porte-parole du Conseil national fédéral des Émirats arabes unis, Abdul Aziz Al Ghurair, avait joué un rôle important dans la mobilisation de soutien à l'amendement en exprimant son inquiétude, basée sur le texte du projet, devant le fait que l'UIP pourrait devenir « un organisme gouvernemental des Nations Unies, manquant d'indépendance, de responsabilité démocratique et de transparence. »

Proposition d’un nouveau « bras parlementaire » pour les Nations Unis

Abdul Aziz Al Ghurair a appelé à un nouvel « organe parlementaire » aux Nations Unis
Image: UIP

Néanmoins, M. Al Ghurair a appelé dans le même temps à « l’établissement d’un organisme international indépendant représentant les peuples du monde, qui agisse en tant qu’organe parlementaire aux Nations Unies et qui puisse tenir tout pays, grand ou petit, démocratiquement responsable s’il n’assume pas ses devoirs internationaux selon les principes du droit international et de la légitimité. » L’Emirates News Agency a cité M. Al Ghurair disant qu'il estime que « le nouvel organisme de responsabilité internationale devrait représenter tous les peuples du monde et servir de porte-parole aux principes de justice internationale. Il est nécessaire que les Nations Unies considèrent sérieusement la création d’un tel organe parlementaire. » D’après le rapport, M. Al Ghurair a souligné que la nouvelle institution ne devra pas remplacer l'UIP.

Le Secrétariat de la Campagne pour la création d'une Assemblée parlementaire aux Nations Unies affirme qu’ « un organisme parlementaire mondial est nécessaire, qui participerait aux processus de prise de décision au sein des Nations Unies et d'autres institutions internationales, et qui aurait la capacité de pouvoir tenir ces institutions et leurs dirigeants responsables. Un tel organisme ne supplanterait ni ne répéterait aucunement les fonctions de l'UIP. »

Déclaration de la 3ème Conférence mondiale des Présidents de parlements

Document de référence sur « La création d'une Assemblée parlementaire des Nations Unies et le rôle de l'Union interparlementaire »

Image du haut: Plénière de la Conférence, par l'Union interparlementaire