Le Comité de l’UIP rejette l’idée d’une Assemblée parlementaire auprès des Nations Unies

26. mars 2010

Dans la dernière ligne droite avant la troisième Conférence mondiale des Présidents de parlement, organisée par l’Union interparlementaire (UIP) à Genève du 19 au 21 juillet, un comité préparatoire de l’association a fait savoir qu’il rejette l’idée d’une Assemblée parlementaire auprès des Nations Unie. Les documents préparés pour la 122e Assemblée de l’UIP à Bangkok, en Thaïlande, du 27 mars au 1er avril 2010 publiés par l’UIP présentent des décisions prises lors d’une réunion préparatoire  en novembre 2009 à New-York. Selon le compte-rendu de cette dernière, « le Comité s’oppose à la création d’une Assemblée parlementaire auprès de l’ONU, qu’il juge incompatible avec la stratégie d’interaction parlementaire avec les Nations Unies ».

Le professeur Daniele Archibugi, directeur de recherche au Conseil national italien de recherche et conseiller auprès de l’Union européenne, de l’OCDE, ainsi que de plusieurs agences onusiennes, a fait le commentaire suivant : « Je suis toujours surpris de voir que l’Union interparlementaire est aussi réticente à l’idée d’un parlement mondial ». Selon M. Archibugi, « il existe environ 40 organisations déjà dotées d’assemblées parlementaires, mais pas la plus importante d’entre elles, c'est-à-dire l’ONU ».

Un représentant du Secrétariat de la Campagne pour la création d’une Assemblée parlementaire auprès de l’ONU a déclaré que cette opposition au sein de l’UIP est « fâcheuse ». Il a cependant ajouté que les opinions exprimées par le Comité en novembre ne sont pas unanimes : « Par le passé, les Présidents des parlements de l’Ouganda et du Kenya, par exemple, ont exprimé une opinion différente ».

Les membres de l’UIP déclarent fréquemment que cette dernière fournit déjà une « dimension  parlementaire » à l’ONU. Les partisans de l’APNU pensent au contraire que « le projet d’APNU et l’IUP seraient des institutions complémentaires » et qu’« une APNU remédierait au déficit démocratique de la gouvernance mondiale, ce que l’UIP n’est pas capable de faire dans sa structure actuelle ».

Selon le professeur Uwe Holtz, qui a siégé au parlement allemand pendant plus de 20 ans et a participé aux délégations allemandes auprès de l’UIP, « la campagne a de bonnes raisons de promouvoir une Assemblée parlementaire auprès des Nations Unies. On peut concevoir différentes manières d’accéder à sa création. L’UIP pourrait jouer un important rôle de plate-forme ».

La docteure Claudia Kissling, experte auprès du Comité pour une ONU démocratique, un groupe de réflexion basé à Berlin spécialisé dans « la représentation parlementaire au sein des institutions mondiales », a approuvé le fait que l’UIP pourrait être le point de départ du développement d’une APNU. Elle a cependant ajouté que « malheureusement, il ne semble pas que cela puisse arriver dans un futur proche. C’est pourquoi il faut mener une stratégie parallèle qui, d’un côté, fasse pression en faveur de la création d’une APNU, tout en évitant d’entrer en conflit avec le rôle actuel de l’UIP de l’autre ».

Dans une résolution adoptée en octobre 2007 par le Parlement panafricain, l’organe parlementaire de l’Union africaine a appelé à la création d’une Assemblée parlementaire auprès des Nations Unies et a suggéré que cette dernière « ne contredit d’aucune manière le travail précieux et grandement apprécié de l’Union interparlementaire ».

L’UIP est l’organisation de tutelle de 151 parlements nationaux. Elle est actuellement présidée par le Président de l’Assemblée nationale de la République de Namibie, le docteur Theo-Ben Gurirab.